842 La première mention que nous ayons de cette localité date de 842. Par une charte insérée au Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, CHARLES-LE-CHAUVE donne à LANDRY la terre et la chapelle de Saint Albain ; dans la charte suivante du même cartulaire, le même LANDRY, peu d'années après, sous l'épiscopat de Bernard, donne tout ce qu'il a reçu de l'empereur et spécialement la terre et la chapelle de Saint Albain au chapitre de Saint-Vincent de Mâcon, pour la nourriture et le luminaire des chanoines.
LANDRY était le fidèle vassal de CHARLES-LE-CHAUVE.
Chalon et Mâcon se disputèrent, peu de temps après, la juridiction de ce village ; mais CHARLES-LE-CHAUVE mit fin à la querelle, en décidant que Saint Albain appartiendrait toujours au diocèse de Mâcon. Plusieurs autres contestations eurent encore lieu à son sujet, mais toutes les décisions furent toujours favorables à Mâcon.
876 L'évêque de Châlon ayant prétendu incorporer Saint Albain à son diocèse, LAMBERT, évêque de Mâcon, porta la contestation devant un synode d'évêques qui la trancha en sa faveur.
"Propriété de Saint-Vincent, Saint Albain devint une de ses quatre grandes obédiences, eut château-fort et put conserver ses droits de justice." Mais durant plusieurs siècles les renseignements historiques font défaut.
Les registres capitulaires ont laissé quelques détails sur le rôle de la petite forteresse durant les guerres religieuses du XVIème siècle.
878 L'empereur LOUIS-LE-GERMANIQUE et son fils CHARLES-LE-GROS, associés à l'Empire, confirmèrent aux chanoines de Mâcon "cellulam Saneti Albani locum qui vocatur GISARIAS Fundata".
IX - Xème siècle
Apparait le nom de SAINT ALBAIN.
Les anciens noms étaient GISARIAS et GERU. Ce dernier nom parait avoir persisté dans un nom cadastral "en GERONS", situé au centre du village de SAINT-ALBAIN. Le terme GISARIAS indique l'ensemble du finage (peut-être même une forêt) et GERU ou GERONS, le lieu même où était la station gallo-romaine de Saint Albain. Le lieu-dit ONGERONS ou OUGERONS, sans doute pour EN ou OU GERONS, se trouve au sud de l'église, près de la fontaine Saint-Martin, à l'endroit où furent faites, en 1853, les découvertes sur la voie d'Agrippa.
906 Les religieux de Saint Oyen suscitèrent aux chanoines de Saint-Vincent, à l'occasion des dîmes, une nouvelle difficulté qui fut encore tranchée en faveur de ces derniers. L'archevêque de Lyon, AUTIER, et l'évêque de Mâcon, GERARD, qui allât peu de temps après fonder à Bourg un monastère où il mourut en odeur de sainteté, avaient été obligés de se rendre à Saint Albain pour terminer ce différend.
"Quadram capella que eral fundata in honore Dei et Sancti Vincentii in villa Gerii, in curtile Sanctio Albani sita, quem Lendricus cum ecclesiis que sunt in Gisario olim in stipendia ipsorum canonicorum contulit."
937-962 Dans une charte qui se place entre 937 et 962, l'évêque de Mâcon, MAIMBAUD, rend à l'usage des chanoines les dîmes de Saint Albain, Sanctio Albani ex Gisariis ; ensuite ADON, évêque, rendit aussi au même lieu, ibi, la chapelle de Saint-Amour avec ses fonds et dîmes.
Enfin, le pape AGAPET, confirmant les possessions de l'église de Mâcon dans une bulle datant des années 948 à 955 mentionne "les dîmes de Saint Albain, martyr, et Gisario".
De tous ces textes antérieurs à l'an mille et concernant Saint Albain, il résulte qu'il existait dans cette localité un luxe d'établissements religieux, églises, chapelles et monastères, qui paraît surprenant pour ce petit village. On y voit mentionnés la chapelle Saint-Albain (842), le petit monastère (cellula) de Saint Albain (876-878), la chapelle de Saint-Vincent (906), la chapelle de Saint-Amour (937-962) et enfin, les églises qui sont in Gisario. Admettons même que les mots "les églises qui sont à Gisario" n'indiquent que les trois édifices du culte plus haut mentionnés, cela fait encore un ensemble vraiment considérable pour cette modeste agglomération rurale.
N'y a-t-il pas lieu de supposer que ces nombreux édifices cultuels correspondaient à d'anciens cultes antiques christianisés ? Cette hypothèse est d'autant plus séduisante que Saint Albain a été jusqu'à nous un centre de pèlerinage très fréquentés. Ces pèlerinages ou cultes étaient au moins au nombre de trois : pèlerinage à la montagne de Saint-Pancrace, pèlerinage à la fontaine Saint-Pancrace et probablement à celle toute voisine de Saint-Martin, enfin pèlerinage à Sainte-Marguerite. Le premier, dénommé viage à Saint-Crampa, était destiné à guérir les boiteries du bétail et des humains ; on y venait de très loin jadis et en foule énorme le lundi de Pâques et le lundi de la Pentecôte, notamment d'outre-Saône ; c'était là que les fidèles des deux rives se rencontraient. Le second, à la fontaine Saint-Pancrace (et probablement à celle voisine de Saint-Martin), était destiné aux enfants ; ce pèlerinage se faisait à titre individuel, les femmes s'y livraient à de véritables ordalies pour la guérison de leur progéniture. Le troisième pèlerinage, à Sainte-Marguerite, était destiné aux jeunes mères et concernant les accouchements.
"Saint Albain paraît avoir été un centre important de cultes antiques. Peu de communes réunissent un ensemble aussi considérable de traces des anciens rites et des vieilles croyances d'un passé disparu. Aussi peut-on poser la question suivante : Saint Albain, ce village rural au bord de la Saône, placé au sommet et au flanc de sa petite montagne surplombant la voie d'Agrippa, avec ses chapelles et ses églises antérieures à notre millénaire, avec ses pèlerinages au caractère païen, avec ses apports de peuples des deux rives de la Saône, avec ses nombreux vestiges antiques, ne serait-il pas un des anciens lieux sacrés des Eduens * ?"
Eduens, Aedui. Peuple celte de Gaule, le plus puissant avec les Arvernes, répandu dans une partie du Nivernais et de la Bourgogne. Leurs principaux centres étaient Bibracte (Autun), Cabillonum (Chalon-sur-Saône), Matisco (Mâcon) et Nivernum (Nevers). Les Romains firent alliance avec eux et le sénat les proclama frères de la République. Rome profita de la rivalité qui opposait les Eduens et les Arvernes pour intervenir dans les affaires gauloises (57 av. J.-C.). Cependant, les Eduens finirent par se rallier au soulèvement de VERCINGETORIX (51 av. J.-C.). César les soumit avec le reste de la Gaule, et leur pays fut compris dans la Lyonnaise 1ère. Claude leur accorda le droit de cité en 48 de notre ère.
Il est à noter, d'autre part, que Saint Albain était jadis un nœud routier remarquable qui explique peut-être la présence d'un lieu de pèlerinage sur ce point du territoire éduen, à moins que, au contraire, ce nœud routier n'ait été créé qu'à cause de ces pèlerinages, ce qui donnerait la raison de ces voies convergentes vers un point unique.
Jusqu'à la Révolution, deux très anciens chemins encore mentionnés au Cadastre, reliaient Saint Albain à Brancion par Grevilly et Saint Albain à Azé et à la vallée de la Grosne par le col de Donzy-le-Perthuis, c'est le vieux chemin dit d'Azé ou de Cluny à Pont-de-Vaux qui passait au Nord de Saint-Maurice-de-Satonnay et à Clessé. Ces chemins partaient de la Saône sans doute et de la voie d'Agrippa, mais ils paraissaient plus anciens que cette dernière et remontaient vraisemblablement à l'époque de la Gaule indépendante.
1096-1124 LE PORTUS MORUM (port de Moirié à Vérizet)
Ce port désigné sous la forme portum morum, alias Niorum, sans doute par suite d'une graphie fautive, a été identifié par RAGUT dans son Dictionnaire Géographique avec le Port de Brouard. Ce port est situé à la limite des communes de Vérizet et de Saint Albain, mais sur cette dernière, juste en face le chenal séparant la grande île de Brouard de la petite.
Cette identification paraît avoir été dictée à RAGUT par la proximité de la prairie de Vernet mentionnée dans la charte 574 du Cartulaire de Saint-Vincent en même temps que le portus Morum. En effet, la prairie de Vernet, commune de Reyssouze (Ain) s'étend sur la Rive gauche de la Saône, en face du port de Brouard, qui est actuellement le seul passage de la rivière dans cette région entre le Port Celet (entre Boz et La Salle) et le Port de Fleurville.
Mais il existait jadis un autre passage à un kilomètre plus au Nord sur le territoire de Vérizet, à la pointe de l'Ile de Brouard, passage marqué sur les deux rives par des chemins d'accès, c'est le port de Moirié communiquant avec Vérizet (chef-lieu communal) par un vieux chemin appelé les Gasses et la rue des Gasses. Le portus Morum paraît présentement correspondre au lieu-dit en Moirié, nom porté par plusieurs lieux-dits avoisinant ce vieux chemin. En Moirié, prairie de Moirié, Grand Moirié, Petit Moirié, au Mortier (forme peut-être altérée de Moirié). Il est probable que Morum n'a pu donner directement Moirié en Français, mais ceci est possible avec l'adjonction d'un suffixe, par exemple avec le suffixe acum.
Moirié paraît être une ancienne agglomération romaine comme semble l'indiquer le lieu-dit la Mure de Moirié, le terme de la Mure signifiant des ruines d'habitations démolies.
Le port de Moirié est le port spécial à Vérizet alors que le port de Brouard, plus important semble-t-il du reste, était le port de Saint Albain, l'un des plus considérables passages de la Saône.
XIème siècle
Choiseau : le château de Choiseau date de la fin du XIème siècle, mais privé de ses deux ailes de côté.
Choiseau, hameau de Saint Albain, Causel, Causellus, est bien des fois cité au XIème siècle comme terre appartenant aux chanoines de Saint-Vincent, et porte même le titre significatif de Ville Fratrum.
XIIème siècle
Construction de l'église de Saint Albain.
XIVème siècle
1325 La terre de Saint Albain devint une des quatre grandes obédiences du Chapitre de Saint-Vincent, ayant justice et château-fort, quoique le Prévot Royal ait eu l'ordre d'abattre les fourches patibulaires.
Ce château fut surpris par le comte de Cruzille pendant les guerres de la ligue.
Il n'en reste aujourd'hui qu'une tour et des murs en terrasse, d'où la vue s'étend en liberté sur le cours de la Saône et la Bresse.